« Ressentir, penser, agir »
Pour les scientifiques, le comportement humain est une interaction complexe entre les émotions, les cognitions et les actions.
Ces trois composantes nous permettent de percevoir les changements de notre environnement (le monde qui nous entoure et celui « qui nous habite ») ; de balayer cognitivement nos contextes internes (nos pensées) et externe (la situation présente) ; et d’interagir de façon appropriée avec notre environnement.
Tout est connecté
Alors que les actions sont observables, les émotions et les cognitions en revanche, si elles sont souvent perceptibles, ne sont pas forcément dévoilées.
Chacun de ces processus affectant les deux autres, il est difficile d’en distinguer clairement les causes et les effets.
Les actions sont des comportements
Une action désigne tout ce qui peut être observé à l’œil nu ou par des capteurs physiologiques. Pensez à une action comme l’initiation d’un mouvement ou la transition d’un état à un autre.
Les émotions sont des comportements
Pourquoi réagissons-nous plus ou moins intensément à certains stimuli ?
Dans les grandes lignes, l’émotion serait un système de mise en alerte très court qui prépare l’organisme à répondre de façon adéquate à une modification de son environnement.
Nous nous référerons ici pour la décrire à la définition de travail proposée par Scherer (1987, 1993) « qui restreint l’utilisation du terme d’émotion uniquement à de courtes périodes de temps durant lesquelles les sous-systèmes de l’organisme sont synchronisés pour produire une réaction adaptative à un événement ou une situation importante pour la personne (voir Scherer, 1987 et Scherer, 1993 pour une discussion détaillée de cette définition). [p.ex., problème ou opportunité] Cette définition permet de distinguer l’émotion d’autres phénomènes affectifs comme, le désir, les préférences, l’humeur, les attitudes ou encore les styles affectifs. » (G. COPPIN et D. SANDER, 2010, p.16)
Veuillez vous référer à l’article : « Qu’est-ce qu’une émotion » pour une approche plus exhaustive de la question des émotions.
Les cognitions sont des comportements
Comment nos processus mentaux soutiennent-ils nos comportements naturels, flexibles et changeants ?
La cognition fait référence à la connaissance. Elle se rapporte aux processus mentaux de traitement de l’information : l’acquisition, l’adaptation et l’intégration de nouvelles informations ; l’organisation et l’utilisation des connaissances de manière explicite ou implicite.
La cognition met en jeu l’attention, la perception, la motivation, l’apprentissage, l’expérience, la mémoire, le langage, la pensée (le raisonnement, la synthèse, la résolution de problèmes, l’élaboration de nouveaux concepts, etc.) et la prise de décision. Ces fonctions cognitives travaillent conjointement pour créer une interprétation du monde qui nous entoure.
Nos connaissances, nos compétences, nos représentations mentales, nos interprétations, nos désirs, nos idées, notre imagination, notre créativité, nos fantaisies, notre inventivité, nos stratégies, nos projets, notre intelligence, notre personnalité, etc. sont autant de résultats de nos compétences cognitives.
En pratique - points clés à retenir
Notre nature, notre histoire et nos motivations nous déterminent
Chacun d’entre nous se comporte différemment en fonction de sa nature (l’inné – les prédispositions génétiques), de son histoire (l’acquis – les expériences, l’apprentissage…) et de ses motivations.
Les composantes du processus émotionnel
« Vos perceptions et vos pensées créent votre réalité et votre vérité »
(Voir article : « Théorie de l’évaluation émotionnelle »)
Quelques notions complémentaires :
Les humains sont activement en quête de satisfaction
« Nos buts nous attirent et nous poussent à agir »
Nous agissons afin d’atteindre nos objectifs et de satisfaire nos besoins et nos désirs ; ou pour entrer dans des états émotionnels positifs (ou sortir d’états émotionnels négatifs).
Nos cognitions sont spécifiques au moment et au contexte
« Réfléchir avant d’agir »
Nous décidons le plus souvent d’agir au moment opportun et de façon appropriée au contexte. Nous pouvons donc réagir à un même stimulus de multiples manières.
Le développement d’une certaine consistance comportementale, c-à-d., le maintien de réponses constantes à des stimuli similaires, est cependant essentiel dans les relations.
Les cognitions ont des implications motrices ("are body-based")
« Souriez ! »
Imaginer le mouvement d’un membre implique les mêmes zones et structures cérébrales que l’exécution du mouvement.
De même, lorsque nous récitons un cours, nous activons les même zones et structures cérébrales que lors de la compréhension d’un exposé ou la prise de parole en public.
Bibliographie
- Christophe, V. (1998). « Les émotions – Tour d’horizon des principales théories », Presse Universitaire du Septentrion, collection : « Savoir Mieux », ISBN : 9782757421901. URL : <https://books.openedition.org/septentrion/50970?format=toc>.
- Courgeon, M. (2011). « Marc : modèles informatiques des émotions et de leurs expressions faciales pour l’interaction Homme-machine affective temps réel ». Intelligence artificielle [cs.AI]. Université Paris Sud – Paris XI, 2011. Français. NNT : 2011PA112255ff. tel-00651467. URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00651467
- Coppin, G. et Sander, D. (2010). « Chapitre 1 : Théories et concepts contemporains en psychologie de l’émotion. » E3Lab, Section de psychologie, FPSE, Université de Genève et Centre interfacultaire en sciences affectives Université de Genève. URL : <https://www.unige.ch/fapse/e3lab/static/pdf/Coppin%20&%20Sander%20(2010).pdf>
- Gil, S. (2009). « Comment étudier les émotions en laboratoire. » Revue électronique de Psychologie Sociale, 4, 15-24. URL: <https://psychologiescientifique.org/ressources/pedagogie/revue-electronique-de-psychologie-sociale/>
- KM & ARTE Radio. « L’Europe, brouillon de culture / Business en temps de guerre » [podcast en ligne]. KM & ARTE Radio, émission 28 minutes, 02 mars 2022, 47 minutes. URL : <https://www.arteradio.com/son/61670986/l_europe_brouillon_de_culture_business_en_temps_de_guerre>
- Maison des Sciences de l’Homme Alpes. Kotsou, I. « Apprivoiser ses émotions » [conférence en ligne], cycle de conférences Fil Good – lier la recherche et le bien-être en société, 19 janvier 2016. URL : <http://www.ilioskotsou.com/pages/conference-fil-good-apprivoiser-les-emotions> et sur <https://www.youtube.com/watch?v=wlbo0SLVuFU>
- Chatar-Moummi, N. (2013). « L’expression verbale des émotions : présentation » (pp.3-11), Revue trimestrielle : Langue française n°180, décembre 2013, éditeur Armand Collin. DOI : https://doi.org/10.3917/lf.180.0003
- Nugier, A. (2009). « Histoire et grands courants de recherche sur les émotions », Revue électronique de Psychologie Sociale, 4, 8-14. URL : <https://psychologiescientifique.org/ressources/pedagogie/revue-electronique-de-psychologie-sociale/>
- Philippot, P. (2007). « Emotion et psychothérapie » (pp.11-64), Wavre : Mardaga. URL : https://sites.uclouvain.be/facetales/Emot&PsychoT2Ch1.pdf
- Encyclopédie UNIVERSALIS (2022). « Psychologie des émotions – Qu’est-ce qu’une émotion ». URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/psychologie-des-emotions/1-qu-est-ce-qu-une-emotion/
- Rimé, B. (2016). « L’émergence des émotions dans les sciences psychologiques », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 16 | 2016. URL : <http://journals.openedition.org/acrh/7293> ; DOI : 10.4000/acrh.7293